Étienne Baudoux // Notes

Stage a Microsoft (terminé) + Photos

// 09/22/2014

Hello from USA (bis) ! Comme vous le savez sûrement, j’ai travaillé pour Microsoft Corp à Redmond, tout près de Seattle aux Etats-Unis. J’y ai effectué un stage de 12 semaines et souhaiterais faire un petit point aujourd’hui, maintenant que le stage est terminé.

Dans ce second article, je ferais plus un bilan de cette expérience et de ce que j’ai appris. Pour connaître le début de l’histoire, voir mon article précédent : ici.

Ce que j’ai appris

Allez, on va commencer par ça. Je n’ai pas eu beaucoup de stage avant ça, deux seulement. Ce que j’ai appris ? Beaucoup plus que dans les deux précédents stages réunis.

  1. Tout d’abord, j’ai amélioré la qualité du code que j’écris ainsi que sa structure. Douze semaines, c’est court, alors n’allez pas croire que je suis devenu un être supérieur. Mais pour une fois, j’ai le sentiment d’avoir fourni quelque chose de mieux dans les 6 dernières semaines de stage, chose qu’avant j’observais plutôt à intervalle d’années et non de semaines.
  2. Travailler en équipe. Je vais en choquer certains si je dis que c’est la première fois que j’ai travaillé en équipe en dehors de l’école. J’adore ça ! Des démonstrations régulièrement, des meetings quotidiens, ne pas se sentir seul. Ça fait du bien quelque part.
  3. Les tests unitaires. Avant, pour mes projets académiques et personnels, je n’en faisais jamais. Pourquoi ? Parce que je n’aimais pas ça. Bon je n’aime toujours pas ça en fait… Mais maintenant que j’ai eu l’occasion de travailler dans une grosse boite, même si nous n’étions que 3 sur le projet en réalité, j’en comprends désormais l’intérêt. C’est crucial pour tester d’avantage la solidité d’un projet. J’ai amélioré ma façon de les écrire et à l’avenir je tâcherais de les utiliser beaucoup plus souvent, quitte à passer beaucoup plus de temps sur les projets. Je n’ai pas assez de recul pour vous expliquer en 500 mots pourquoi c’est bien, j’y reviendrais à l’occasion si ça vous intéresse.
  4. La revue de code. Ca ! Mais ça ! Wesh je kiffe grave à mort t’as vu ! Bon là où j’apprécie beaucoup moins c’est quand j’ai beaucoup de retours sur mon code, mais ça c’est normal, un stagiaire ne va pas apprendre à un développeur senior non plus (quoi que j’ai apprécié faire découvrir quelques petits trucs à mes collègues, enfin j’y reviens juste après). Quand je dis juste au-dessus que j’ai amélioré la qualité du code. C’est peut-être à 90% grâce aux revues de codes. Le concept : un ou plusieurs autres développeurs lisent ton code et donnent des suggestions pour l’améliorer, ou bien soulever un point/cas de figure auquel tu n’aurais pas pensé en codant un algorithme X ou Y. Ça m’a été extrêmement bénéfique ! Autre chose de bénéfique en tant que stagiaire : regarder le code des autres. Avec mon niveau de petit stagiaire, je n’étais pas du tout en mesure de donner un avis aux codes des autres, tout me semblait si « beau » quand je regardais les code : oooooh du bleu… ooooh, du vert, c’est joli aussi. Mine de rien, juste lire un code pris au pif sur un projet qui n’étais pas le mien, et essayer de le comprendre, Waow, c’était enrichissant ! Une fois je me suis « amusé » (façon de parler) à lire une petite centaine de lignes durant 1h environ. J’ai essayé de le retourner dans tous les sens dans ma tête. A force je comprenais la logique qu’avait exercée son auteur et ça faisait comme m’ouvrir les yeux. En soit je n’ai pas appris de méthodes d’optimisation particulière par exemple, mais juste, écrire un code propre, lisible, bien structuré. Voilà ce que j’ai appris principalement !

Ce que j’ai pu partager

J’ai beaucoup partagé sur les différences entre la France, les Etats-Unis et l’Inde au niveau des métiers de l’informatique et de la culture en général.

Ce que j’ai apprécié le plus là-dedans, c’est de leur apporter quelque chose. J’ai montré à un collègue comment déployer un service sur Azure par exemple. C’est tout bête, rien d’exceptionnel à ça, mais le collègue en question m’a fait comprendre par son expression qu’il m’en était reconnaissant. D’une manière plus générale, toutes les personnes que j’ai pu rencontrer ici, Américains ou immigré, employés de Microsoft ou pas, à chaque fois que j’ai appris à quelqu’un, ou ai aidé quelqu’un, j’ai eu l’impression d’avoir une avalanche de remerciements en échange, ou bien d’excuses selon les scénarios. Ca fait apparemment partie de la culture locale, j’apprécie beaucoup. Tien, un des derniers exemples du séjour :  j’étais au restaurant avec des amis. Le serveur a oublié le café qu’on avait commandé. Il s’est peut-être excusé 10 fois, avec un gigantesque sourire, et a même proposé de l’offrir. En France j’aurais dit que c’est un service exceptionnel, qu’il mérite 5 étoiles sur Yelp, sauf qu’ici, c’est NORMAL et c’est partout comme ça.

Je me suis un petit peu éloigné. J’ai apprécié donner quelques tuyaux à mon mentor qui m’a parlé plusieurs fois de vouloir visiter Paris, et j’ai également apprécié de pouvoir débloquer un autre stagiaire sur AngularJS alors que j’avais plongé les mains là-dedans 2 semaines auparavant. L’autre stagiaire en question a maintenant fini ses études et a décroché un job à temps plein. Quelque part au fond de moi je me dis que j’ai été utile, et ça me touche.

Ce que j’ai apprécié

Me rendre utile justement. Durant les deux dernières semaines de stages, j’ai eu des retours de collègues me disant qu’ils utilisent désormais quotidiennement l’outil interne que je leur ai fait. Ça me fait super plaisir dans le sens où jusqu’ici je ne me suis jamais senti aussi utile dans une équipe/une entreprise. Avec mon salaire à 4 chiffres j’ai eu l’impression d’être beaucoup plus rentable qu’avec les précédents salaires à 3 chiffres.

J’ai apprécié la manière dont tout le monde écoute religieusement ce que le petit stagiaire a à dire. J’ai apprécié la manière dont on échange les idées entres collègues ici, à Microsoft. C’est encore une fois lié à la culture locale, aux façons de faire, mais également aux valeurs de cette entreprise. Bref, tout est lié quelque part.

Les meetings « One to one ».  Se forcer de manière hebdomadaire à prendre une demi-heure pour discuter avec son manager sur l’avancement du projet, comment ça se passe, les difficultés que j’ai pu rencontrer, demander des conseils pour la suite, ou tout simplement discuter de ce qu’on a fait le week-end dernier. C’est utile, et puis c’est humain quoi.

J’ai grandement apprécié la région comme dit dans mon précédent article. Verte, jolie, variée, agréable à vivre surtout l’été. Les couleurs dorées du ciel qu’il y a ici. Il faut vraiment y vivre pour le comprendre. J’ai beau déjà en avoir parlé avec plusieurs personnes, aucunes d’entre-elles n’arrivent vraiment à imaginer comment c’est.

La diversité culturelle, mais ça je pense que je l’ai déjà implicitement exprimé.

Ce que j’ai moins apprécié

Les technologies que j’ai utilisées durant mon stage. Je ne suis pas du tout fan du développement web, pour ne pas dire que je n’aime pas ça. Mais comme dit dans mon précédent article, le projet était intéressant, et puis il y avait un « tout » qui faisait que je travaillais tout de même avec beaucoup de plaisir.

L’hôtel, ou plutôt le service de ménage que je ne supporte plus ! Je suis loin d’être un écologiste dans l’âme et pourtant j’ai été choqué par les façons de faire du service. Petits exemples :

  1. Je rentre du bureau, le service de chambre est passé : BIM, c’est Versailles dans ma chambre. Tout est allumé. A tel point que j’ai collé un message sous l’interrupteur « Eteignez la lumière s’il vous plait. Merci de la part de la planète ».
  2. Ça arrive à tout le monde d’oublier un verre sur la table et de le retrouver le soir au même endroit. Mais est-ce que ça vous ai déjà arrivé de l’oublier sur la table et de le retrouver dans le lave-vaisselle entrain de fonctionner avec UNIQUEMENT ce verre dedans ? Moi, oui.
  3. Idem, ça arrive à tout le monde de laisser la vaisselle nettoyée à la main, propre, sur le comptoir en partant en se disant « je la rangerais ce soir ». Mais est-ce que ça vous est arrivé de la retrouver également dans le lave-vaisselle fonctionnant à votre retour ?
  4. Ah et puis devinette (mais ça n’a rien à voir avec le service de chambre) : qu’est-ce qui ne va pas avec cet évier ?

Sink

Bon après, il faut se mettre à leur place aussi, ils craignent peut-être un mec en costard cravate avec le cigare à la main vienne dire qu’il n’est pas satisfait au directeur, et hop viré, mais tout de même, tout ce gaspillage d’eau, que je n’ai constaté que dans ce cas de figure, me fait un peu mal au cœur quand on voit que 1500km plus au Sud, en Californie, il y a une sécheresse.

C’était facile

C’était facile d’avancer dans le projet. Le manager et le mentor s’assurent de donner tous les outils nécessaires à la réussite du stagiaire, ça aide.

Passer du clavier AZERTY au QWERTY. Mais ça pose problème quand on change toutes les 5 minutes.

S’intégrer. L’Anglais n’était pas une si difficile étape. Mais j’ai quand même d’ailleurs quelques anecdotes assez comiques. Par exemple une fois j’ai prononcé le mot « beer » (bière) à la place de « bear » (ours). Du coup quand j’ai demandé « C’est vrai qu’il y a beaucoup de bières ici dans les montagnes ? », j’ai été surpris qu’on me réponde « Autant qu’en ville en fait. ».

C’était moins facile

S’intégrer (bis). Parler Anglais en soit n’était pas compliqué. Comprendre certains accents, ça l’était plus ! En particulier les accents Australien et Texans.

Les conversions de distance, poids, température. Il faut du temps pour s’y faire, et c’est souvent approximatif. Heureusement qu’il y a le smartphone quand j’ai un doute.

Les meetings en groupe ont été un sérieux obstacle également. Une discussion à deux, c’est facile, on peut facilement demander à répéter, et on se concentre sur une seule chose : la discussion. Mais en groupe, ça n’a rien à voir, et on peut difficilement se permettre de demander à répéter toutes les deux minutes dans une pièce avec 20 personnes. J’ai dû mettre 8 à 10 semaines à commencer à bien comprendre tout ce qu’il se disait dans ces réunions.

Aussi, j’ai eu l’occasion de faire deux démonstrations devant une vingtaine de personnes. La première démonstration a été pour moi une étape stressante comme je n’en n’avais pas eu depuis des années. Je suis pourtant habitué à faire des démonstrations et des conférences dans mon école, parfois même à moitié improvisé, et le tout décontracté. Même les entretiens techniques en Décembre 2013 ne m’avaient pas posés de soucis. Mais apprendre une heure et demie à l’avance que j’allais faire une démonstration à vingt personnes dont le directeur, et surtout en Anglais, m’a fait me sentir mal. Bon finalement ça c’est très bien passé, mais tout de même, c’était éprouvant pour une première fois.

Ma copine. Qu’est-ce que c’est difficile d’être séparé aussi longtemps et aussi loin. Un collègue, pour me remonter le morale, m’avait expliqué avoir été séparé un an quand il est arrivé à Seattle. Chapeau ! Mais bon, quand on aime, on peut ! Et puis depuis quelques jours je ne fais que de penser à la retrouver. J’ai hâte ! :-D

Bilan économique et prochaine étape

Allez, on va parler d’un sujet tabou mais que l'on m'a pas mal demandé : le salaire. Pendant ce stage de 12 semaines, j’ai eu un salaire brut « de stagiaire » (je précise) de 6800$/mois (5000€). Retirez les taxes fédérales américaines, le loyer et la location de voiture déduis par Microsoft, il me restait chaque mois environ 3700$ net.

Au bout des 12 semaines, avec la nourriture, l’essence, les extras, il me reste environ 10000$ (7500€) d’argent de poche si je puis dire.

Deux jours avant la fin de mon stage, j’ai eu un entretien avec ma RH pour faire un bilan du stage. Bon, apparemment ça leur a plu : j’ai signé pour faire un nouveau stage l’été prochain à Microsoft ! Nouveau salaire : 7400$/mois brut (5700€). Nouvelle équipe aussi ! Ayant demandé à faire plus de C# et de C++, je passerais apparemment de l’équipe télémétrie de Visual Studio à l’équipe IDE (ça reste à confirmer).

Ça ne voudra pas dire que je travaillerais sur le développement de Visual Studio en lui-même. J’ai appris qu’en fait on ne laisse pas travailler les stagiaires sur les produits. Trop risqué car pas assez formé j’imagine, ça peut se comprendre.

Tous les stagiaires que j’ai rencontrés ont travaillés sur des outils internes ou bien, par exemple, sur des extensions pour Visual Studio. C’est probablement ce que je ferais l’an prochain, et ça me plait bien ! J’ai hâte !

Sur ce, j’aimerais passer un petit merci à vous tous, pour votre soutien. J’ai reçu pas mal de messages depuis le début de ce stage qui m’ont beaucoup touchés. Voici un lien vers mon OneDrive qui vous donnera accès à quelques dizaines de photos résumant cette expérience : ici

A la prochaine ! :-D

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